Fraichement remis de notre excursion dans la Pan-ta-nââââl, on décide d’abandonner les Brésiliens, leur samba, leur capoeira, leurs chutes, et leurs bracelets pour s’attaquer à la Bolivie !!
Je ne vous ferai pas l’affront de vous dire qu’on a choisi la solution « on-fait-tout-soi-même » pour franchir la frontière plutôt qu’une solution packagée.
Mise à part la douanière Bolivienne, au sourire stalinien (sans la moustache), qui a refusé de nous accorder plus de 30 jours de visa alors que nous précisons bien que nous allons rester plus de 45 jours, tout se passe plutôt bien (même pas drôle !)
Nous débarquons ainsi fraichement au terminal de bus de Puerto Quijarro.
On s’y fait sauter sur le poil à coup de « il est beau mon bus ! il y pas cher mon bus, viens, viens !! »
Lily, motivée par l’envie de se faire 9 heures de trajet avec un bus au top, part à l’assaut de la vingtaine d’agences qui se bataillent les chalands, histoire de benchmarker tout ce petit monde.
Verdict : elles proposent a priori toutes la même chose, mais à des prix trèèès différents (du simple au triple) ; nous nous interrogeons sur le fond du pourquoi de la différence, en présupposant qu’il doit bien y avoir de l’entubage quelque part, la question étant de savoir où !!
2 autochtones nous indiquent que selon elles, c’est kif kif bourricot tout ça (kifo kifo bourricoto dans notre meilleur espagnol) ! Lily accroche avec des vendeuses plus sympas qui font un tarif imbattable !
C’est donc décidé, on prend le moins cher de la compagnie « Dos de Mayo » !! Si c’est pour avoir la même chose…
Nous attendons donc tranquillement, admirant les entrées et sorties de tous les bus, mastodontes puissants et rutilants dévoreurs de bitume, avant de voir arriver notre bus…
(ok ok, photo pas totalement contractuelle…)
De mastodonte on passe au bussounet, et de rutilant, on passe à dézingué avec un phare en moins… On commence à comprendre certaines choses, rapport à l’entubage ☺
Nous rentrons dans le bus, et là, une odeur, ou plutôt un relent nauséabond, de renfermé nous attaque direct les nasaux. Les loupiottes ne marchent pas vraiment et en guise de lit que nous croyions avoir, nous avons de bons gros sièges inclinables. Nous tentons de faire annuler les billets pour changer de destrier, mais le destin et, surtout, la femme de l’agence sont tenaces !
Le bus nous garde encore quelques surprises : les toilettes sont euh… et bien, à éviter !
M’enfin tant que la mécanique est d’équerre… et c’est là qu’on sent que les économies n’ont pas été réalisées que sur le confort : dès le démarrage, un bruit de mécanique rouillée accompagne tous les changements de vitesse…
Après une demi-heure d’acclimatation, les sièges font finalement l’affaire, nos sinus
s’accoutument petit à petit et le bussounet réussit à brinqueballer sa carcasse sur les routes Boliviennes.
L’avantage, c’est qu’il ne va pas vite… Traaaaanquillo !
C’est parti mon kiki, 9 heures, on va se les enfiler easyto !
Heureusement, le charme du voyage, c’est ce petit piment ô combien taquin qui s’appelle l’imprévu !
A peu près au milieu du trajet, c’est-à-dire en pleine nuit alors que je somnolais pépère, Lily a crû que nous étions en train de nous faire braquer le bus !
Les faits : Le 2nd chauffeur sort de l’habitacle pour aller dormir dans le fond du bus, près des toilettes (ce détail charmant et pittoresque aura toute son importance !)
Là, un 3e chauffeur part remplacer le 2nd chauffeur dans l’habitacle.
Simple. Banal. Anecdotique… à cela près que la fatigue et l’inconfort peuvent parfois déformer quelque peu la réalité ☺
Perception de Lily au milieu de la nuit dans notre bussounet :
Kersu, c’est la m*** (à l’attention du public sensible qui nous lit !), on est en train de se faire braquer le bus !!
Moi : Hein ??!! Quoi !? (Passage immédiat du mode léthargique au mode éveillé au taquet) T’es sûre ?
Lily : Y a le 2nd chauffeur qui vient de sortir de l’habitacle pour aller aux toilettes ; là un passager en a profité pour aller dans l’habitacle, et les lumières viennent de s’éteindre… Là c’est sûr le passager est en train de forcer le chauffeur à s’arrêter à un endroit précis pour dépouiller le bus !!
Je reste un peu perplexe par rapport à la description de Lily, n’ayant vu qu’un banal changement de chauffeur…
Après quelques minutes aux abois, dans cette histoire qui ne manque pas de chien, à surveiller les toilettes et les ralentissements du bus, nous avons la confirmation du banal changement de chauffeur ! Soulagement, on rigole, on se dit que nous on n’a pas besoin de feuilles de coca pour faire marcher notre fertile imagination. On repart dormir sur nos 4 oreilles.
Le trajet est encore long… et banal !
Après nos péripéties « Dos de mayo » niaises, nous en profitons pour passer 2 jours au calme à Santa Cruz de la Sierra !
Capitale économique de Bolivie, Santa Cruz est agréable, surtout son centre : une très belle cathédrale bien éclairée, un charmante place centrale bordée de petites tables d’échec en pierre, où les jeunes et moins jeunes générations s’affrontent, et nombre de jeunes couples qui se bécotent sur les bancs publics, bras sans dessus dessous.
Non loin de là, un grand marché, débordant sur plusieurs pâtés de maisons alentours, où se vend absolument tout : de la montagne de chaussure au papier toilette à l’unité, des étals de viande aux salons de coiffure. Ces derniers sont d’ailleurs tout à fait exquis : ils sont recouverts des photos de stars et footballeurs dont on souhaiterait imiter la coiffure. Nous avons hésité à vous faire choisir ma prochaine coupe de cheveux, mais je renonce, ayant un peu peur du côté taquin de nos lecteurs ! ☺
Nous en profitons pour nous rassasier de bon pain, que les Boliviens font très très bien !
Et c’est devant les yeux écarquillés, ébahis de gourmandise, de Lily que nous découvrons l’appétence et l’appétit des Boliviens pour les énoooormes gâteaux à la crème, tout coloré, que l’on croirait tout droit sortis d’un dessin animé ! Preuve à l’appui.
Et c’est devant mes yeux gourmands que nous découvrons les pizzas en forme de cône !!
Rassasiés de gâteaux, nous décidons que c’est le moment opportun de partir vers notre 2e étape Bolivienne : Sucre !
Et c’est ainsi que nous terminons ce tome Cruz de notre épopée bolivienne, sans tarir d’éloges sur cette première étape !
Après le Far West, le Far Latino et ses (hypothétiques) braqueurs de bus. Désolée de rire à vos dépens mais vos récits me font hurler de rire (entre votre talent de narrateur/narratrice, j’imagine le tout en forme de dessin animé à la mode Tex Avery). Récit exaltant !
Quel bonheur de lire vos (mes) aventures, on en veut encore !
« Dos de mayo » niaises, et le moment ou tu fais la moue tarde.