Me voici donc à Cartagena, seul, après 24 heures un peu folles au carnaval de Barranquilla, prêt à embarquer pour un périple de 5 jours entre la Colombie et le Panama.
La traversée de la frontière entre la Colombie et le Panama est, bizarrement, quelque chose de compliqué.
Alors que sur une mappemonde on voit que les pays ont bien une frontière terrestre, il n’en est en réalité rien.
La bande de terre qui sépare les 2 pays, appelée la région du Darien, est un territoire on-ne-peut-plus hostile, sans route, où seuls s’aventurent les narcotrafiquants.
Une des options est donc de partir à l’aventure sur l’un des nombreux voiliers qui proposent le voyage en passant par les îles San Blas du Panama.
Choisir son bateau n’est vraiment pas une sinécure.
Il y en a beaucoup, et les commentaires sur internet montrent qu’on trouve de tout et n’importe quoi : des capitaines au tempérament peu avenant, des capitaines gros buveurs qui ont fait échouer leur bateau (et on voit quelques épaves échouées sur les récifs de ces exploits !), des « party boats », des bateaux où la bouffe est nettement insuffisante (le cauchemar ! 🙂 ) etc.
J’ai passé beaucoup d’heures sur internet à creuser les bateaux, les capitaines.
Après quelques péripéties, me voici confirmé sur le « Sailing Koala », avec le capitaine Fabian, un Colombien.
Je peux vous dire aujourd’hui que je suis heureux de ce choix !! Quelle croisière inoubliable !
Le capitaine était top. Drôle mais tout en sécurité, attentif aux besoins des passagers, et qui ne boit pas !
lui, son fils, à qui il a mené la vie dure pour qu’il soit un bon matelot, et un cuistôt, un Argentin du nom de Daniel. Cet Argentin a été exceptionnel : en plus d’être très sympa, il a réussi l’exploit de nous faire toujours à manger des trucs tops, avec une quantité laaaargement suffisante, et alors qu’il était malade et que c’était sa première traversée !
Côté passagers, une belle team s’est crée :
Un couple Suédois-Danoise, un couple d’Américains, et un groupe de 5 Portugais (3 gars, 2 filles).
Super ambiance, de belles rigolades, de bonnes soirées à discuter… 🙂
Et le trajet fut fantastique !
Départ de nuit du port de Cartagena.
Ainsi démarrent 30 longues heures de traversée en haute mer.
Nous avons la chance d’avoir beaucoup de vent qui nous pousse et nous permet d’effectuer les 36 habituelles heures en 30. Mais nous avons aussi l’inconvénient d’avoir du vent… beaucoup de vent !
Cela donne une haute mer avec des vagues de 7 à 8 mètres… époustouflant !
Pour ma part, j’ai adoré !
Complètement fasciné par l’immensité de la Nature, de la mer, des vagues puissantes et majestueuses, sentiment incroyable d’être sur ce petit rafiot au milieu de l’immensité, je suis resté souvent scotché à regarder le mouvement de notre voilier au milieu des vagues.
(Pour les connaisseurs, c’était un monocoque 2 voiles, 1 mât, de 48 pieds de long, le tout principalement piloté… à l’auto-pilote au GPS 🙂 )
Peut-être que j’ai adoré parce que j’ai été au final le seul à ne pas être malade ! 🙂
Quasiment toutes les filles ont passé leur première journée à rendre à l’océan ce qu’elles avaient mangé la veille… et les autres étaient bien pâlots !
Les 4 repas que nous avons pris en pleine mer au milieu de ces vagues ont été épiques !
Les vagues étaient perpendiculaires au bateau, et donc un sacré roulis envoyait valdinguer tout ce qu’on mettait sur le pont, repeint un certain nombre de fois du contenu de nos assiettes 🙂
Garder tout dans son auge est alors un véritable exploit !
Dormir dans ces conditions l’est tout autant. Surtout que les lits sont dans l’axe du bateau, et que l’on passe donc son temps à être trimballé de gauche à droite.
Sachant qu’à ma gauche, il y avait Miguel – je vous avoue qu’avoir troqué ma Lily contre un portugais n’est pas la meilleure chose qui me soit arrivée pendant ce séjour J.
Et à ma droite, un trou. Bref du sport de chambre de nuit !
Le matin du 2e jour, peu avant la fin de la haute mer, nous avons eu la chance d’être accompagnés par un groupe de dauphins, qui a passé environ 1/4h à jouer avec notre bateau.
Cet instant fut vraiment magique !
Une sorte de « bienvenue » de la Nature.
Leur vitesse est impressionnante.
Les 3 jours qui ont suivi se sont ressemblés :
Jeter l’ancre devant une île paradisiaque, nager jusqu’à la plage, faire le tour de l’île, manger, discuter, nager, admirer le paysage… Sans aucune connexion à internet et au reste du monde.
Un vrai régal 🙂
Voici quelques photos des coins de paradis croisés.
Avec, en plus, un groupe au top, c’est d’autant plus génial!
Pour les gestes du quotidien, cela peut devenir rigolo : pour la douche, eh bien il suffit de sauter dans l’eau, remonter, se shampooiner, re-sauter à l’eau pour se rincer, et enfin remonter pour se rincer à l’eau claire.
J’ai aussi eu mon moment de solitude lorsque j’ai dû réveiller le capitaine en pleine nuit car j’avais un problème avec la pompe des toilettes… suivi d’un moment de solitude encore plus grand quand le capitaine, hilare, a raconté l’histoire devant tout le monde au ptit dej… 🙂
L’archipel des San Blas, constitué de plus de 350 îles, est peuplé par les Kunas, peuple qui vit en relative indépendance, en ayant privatisé tous les cocotiers – et donc les noix de cocos qu’ils commercialisent – qui sont sur leurs îles.
Ils sont également bons pêcheurs. Notre capitaine leur a acheté des homards, que notre cuistot a préparés à merveille !!
Ces 5 jours, vous l’aurez compris, ont vraiment été magiques pour moi !
Après 3 jours au milieu de ce paradis, nous filons tous vers Panama City.
Je profite de mes 24 heures dans la ville pour aller voir le Canal de Panama.
L’ingénierie impressionne surtout au niveau des 3 écluses qui le composent. Le tour « classique » constitue à visiter celle du secteur Miraflores, la plus près de Panama City, et donc du Pacifique.
J’ai pu observer un cargo qui finissait sa transition. Impressionnant !
Un petit film nous a permis d’en savoir un peu plus, je vous livre les infos qui m’ont marqué :
- Construction commencée par les français, puis abandonnée devant l’ampleur de la tâche
- Reprise par les Américains qui l’ont exploité durant de nombreuses années avant que la Panama ne réussisse à en récupérer la jouissance
- Le passage coûte environ de 500$ pour un voilier à 130 000$ pour un cargo
- Les records : 200 000$ pour un cargo, et 0,36$ pour… un nageur 🙂
- Ils agrandissent le canal pour répondre à la demande et pour faire face à la concurrence du canal du Nicaragua, qui a démarré la construction
Ça y est, après Barranquilla, les dernières heures en Colombie à Cartagena, la haute mer, les îles San blas sur le Sailing Koala, la visite de Panama City et du canal de Panama, me voici fin prêt à retrouver ma Lily à Hawaï !
Je ne retiendrai ‘une chose, au passage : Daniel était parfait.
Mais à part ce détail, quelle belle aventure, et quelles belles Iles !
Que du bleu que du bleu du clair du foncé. ….. on a trop envie de plonger dedans. …..
Tu as quitté le bleu céleste pour le bleu marin et ça te va tout aussi bien !!
Une fois la croisière (qui s’amuse même quand ça tangue) finie, as-tu ressenti les effets de tangage aux premiers pas sur le plancher des vaches ? Peut-être n’as-tu pas eu le temps de t’amariner … En tout cas, magnifique (cela me rappelle mes années de voileuse et les nuits avec le seul bruit des voiles et du bateau glissant sur les flots.. tout cela incitait à la sérénité, à la méditation).